Les délices de Tokyo
Sentiments mitigés à propos du dernier film de Naomi Kawase : je ne retrouve pas la finesse et la réussite totale de "Shara"... Ces "Délices de Tokyo" donnent parfois l'impression d'être une caricature de film japonais, avec des ingrédients typiques (les cerisiers en fleurs, les collégiennes en uniforme, les vieilles personnes énigmatiques rappelant des personnages de Miyazaki) accompagnés d'une musique qui surligne à l'excès les émotions, et de dialogues explicatifs un peu lourds.
C'est vraiment dommage car malgré ces défauts, le film comporte aussi de beaux moments de grâce. Il démarre comme un conte : dans un jardin public de Tokyo, Sentaro vend des dorayakis, des gâteaux fourrés à la pâte de haricots rouges, qu'il cuisine sans plaisir. Une vieille femme, Tokue, lui propose de travailler avec lui et de préparer la pâte de haricots à sa façon. Les dorayakis ont alors un succès fou. Mais Tokue a les mains déformées, et la rumeur de la lèpre chasse les clients...
Toutes les séquences consacrées au tabou de la lèpre et à l'époque encore récente où les malades étaient condamnés à l'enfermement sont très touchantes. Et Naomi Kawase filme toujours merveilleusement le deuil. Elle suggère l'existence de forces invisibles dans la nature avec intensité.