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Une chambre en ville
12 janvier 2016

Mia Madre

 

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Je suis sortie du dernier film de Nani Moretti un peu déçue... et puis peu à peu, il a fait son chemin, et je le trouve finalement très touchant et réussi.

Nous suivons les pas chaotiques de Margherita (Margherita Buy ), une réalisatrice de cinéma qui ne se trouve jamais à la hauteur, ni dans son travail, ni dans ses amours, ni dans ses relations familiales.
Elle est en plein tournage d'un "film social" consacré à la résistance des ouvriers dans une usine en crise, et ce tournage n'avance pas. Ses comédiens ne la comprennent pas quand elle leur demande d'être leur personnage mais "à côté" (magnifique indication de jeu pourtant !). L'acteur américain (interprété par John Turturro) qui participe au film se révèle incapable et grotesque. Margherita ne parvient pas à le diriger, il est ingérable...on comprendra par la suite qu'un trouble de la mémoire l'empêche de retenir son texte.
Margherita vit séparée du père de sa fille, et semble avoir du mal à communiquer avec l'adolescente. Les conversations téléphoniques se transforment en confrontations, notamment autour de l'apprentissage du latin. Latin qui a une importance capitale dans la famille, la mère de Margherita étant une ancienne professeure de latin, très appréciée de ses élèves. 
Suite à une maladie cardiaque, la mère est à l'hôpital et semble condamnée. En plein tournage donc, Margherita doit se préparer au décès de sa mère. Ce deuil qui s'annonce accentue évidemment son profond malaise : non seulement elle n'est jamais à la hauteur, mais plus rien n'a de sens ?
Margherita se rend chaque soir au chevet de sa mère, elle y retrouve parfois son frère Giovanni (Nani Moretti). Auprès de leur mère, Giovanni semble toujours être plus présent, "mieux présent" que sa soeur. Contrairement à Margherita qui tente vaille que vaille de continuer son travail, Giovanni a démissionné de son emploi. C'est un personnage qui semble en retrait du monde. 
"Mia Madre" est construit de manière impressionniste : les rêves se mêlent à la réalité de façon très subtile, sans qu'on sache vraiment ce qui est vécu ou imaginé, sans que ça ait de l'importance non plus. De même, la temporalité du film évolue par touches sensibles, avec des flashs backs qui émergent comme les pensées qui nous assaillent en désordre quand on ne sait plus comment avancer.
 
Pendant une conférence de presse, Margherita se dit intérieurement "je ne comprends plus rien".
Interrogé dans Les Cahiers du cinéma par Stéphane Delorme et Emiliano Morreale, Nani Moretti confirme que cette pensée est la sienne.
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Madame Langlois
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